mercredi 13 janvier 2016

Le Mage Noir


Le Mage Noir

Une descente dans l'Ombre


Il y a longtemps que je n’ai pas échangé avec mes guides en visualisation et, ce matin, je ressens leur appel. Je plonge donc dans mon jardin intérieur (Voir : Le Jardin Intérieur). Ils sont la, autour de la table en pierre, sous l’arbre. Je me précipite à leurs côtés, tout joyeux de retrouver mes vieux amis. Nous échangeons brièvement et sans plus attendre, ils me proposent un exercice pour approfondir ma concentration. Je vais me faire un soin énergétique. Je déplace ma conscience de manière à percevoir mon corps d’énergie comme si c’était celui de quelqu’un d’autre. Je vois instantanément et très distinctement les zones énergétiques denses autour de ma nuque (A laquelle j’ai mal depuis quelques jours). Travailler l’énergie de cette façon est très simple et très agréable puisque je perçois tout comme mes yeux physiques perçoivent la matière. Je travaille donc sur mon propre corps d’énergie avec mes mains d’énergie. Ludique et efficace puisqu’effectivement, le lâcher prise se met en place et je suis pleinement présent.
Je vois la forêt (de mon inconscient) un peu plus loin, qui n’a jamais été aussi sombre et touffue, et je sais que c’est notre destination aujourd’hui. En effet, Arthur et Altius m’amènent à l’orée du bois. La forêt est impénétrable, tant elle est en friche et chaotique. Il est clairement impossible d’y entrer par la. Arthur m’indique donc la petite rivière qui se fraye un chemin en dedans.
« Suis le cours du ruisseau pour pénétrer dans la foret, mais attention de ne pas te faire emporter ou tu traverserais le bois sans t’y arrêter ».
La symbolique m’apparait instantanément avec clarté. La forêt représente mon inconscient, le ruisseau est le cours de mes pensées. Ainsi le message d’arthur aurait pu être « Suis le cours de tes pensées pour pénétrer dans ton inconscient, mais reste conscient ». Je m’exécute et par le biais du cours d’eau m’enfonce dans les bois sombres. Je saute sur le rebord. Nous y voici, au cœur de la forêt, aussi dense qu’elle semblait l’être de l’exterieur.
« Tu as délaissé ton bois depuis un moment. Tu ne pratiques pas la méditation avec assiduité. Tu n’entretiens plus ton jardin. Tu sembles être un étranger ici et l’environnement s’est développé malgré toi. » me dit Arthur.
« Comment faire pour avancer dans cette jungle ? » 
« Créé toi l’espace, fais disparaitre les arbres, ouvre-toi un chemin. Après tout, tu as créé cela, tu peux le modifier si tu te concentres. » me répond Arthur.
J’essaye, mais l’environnement répond mal à ma volonté, ou bien ma volonté est trop faible. Il se passe des choses étranges qui échappent à mon contrôle. Le relief se modifie, des rochers sortent de terre et rendent le paysage encore plus chaotique. Constatant que je ne puis m’ouvrir un chemin, je décide de pénétrer la forêt malgré tout. Nous verrons bien. Je peux désormais utiliser les rochers pour passer à travers les arbres et les fourrés. Tout en escaladant, je demande :
« Pourrai-je rencontrer l’enchanteur de la forêt ? »
C’est ainsi que les guides l’avaient nommé. Ce vieil homme décrépi que j’avais rencontré il y a quelques temps dans sa petite caverne coquette et chaleureuse au sein même de cette forêt et qui m’avait fait revivre de vieux souvenirs d’enfance, enfouis et oubliés. Au moment où je formule ma demande, je saute de l’autre côté d’un rocher, et arrive sur un contrebas tapis de mousse, dégagé. En me retournant, je constate que le rocher que je viens de monter est en fait une caverne et une petite porte de bois dans son renfoncement en permet l’entrée. Mais elle est fermée. J’ai à peine le temps de demander si je dois pousser la porte qu’elle s’entrouvre, m’invitant à pénétrer à l’intérieur. Contrairement à la dernière fois, pas de lumière. Au contraire, tout est obscur. Je crée donc une chandelle et vais pour pousser la porte quand une main hideuse et sombre, pourvue de griffes acérées et venant de derrière la porte m’arrache la chandelle des mains.
« Tu n’as pas besoin d’artifices, la lumière vient de toi. Illumine l’obscurité avec la lumière de ta conscience » me dit Arthur.
Qu’il en soit ainsi, je sens un rayonnement doré émaner de mon âme et je pousse la porte. Aucune peur de m’habite, je suis serein et confiant.
Je pénètre l’intérieur sombre de la caverne qui se révèle être un tunnel aux parois de glaise humide. La lumière qui émane de moi suffit tout juste à éclairer les  parois alentours mais nous sommes plongés dans une obscurité qui s’étend sans fin devant nous et derrière nous aussi. Il semblerait qu’il n’y ait plus de chemin arrière. J’avance. Je découvre au fur et à mesure de ma progression que nous ne sommes pas seuls dans ce tunnel. Des formes, des peurs, des colères matérialisées s’échappent aussitôt que la lumière vient les caresser.
« Des peurs enfantines. Des rebus de ton subconscient, oubliés avec le temps. » m’indique Arthur.
D’un coup, je sens quelque chose m’accrocher le bras gauche. Une petite créature très mignonne est venue se poser sur mon bras. Une sorte de chouette avec la tête toute ronde, toute blanche percée de petits yeux noirs qui me fixent avec curiosité. Sans corps, ses courtes pattes partent directement de sa tête et à l’aide de ses 2 et uniques serres s’accrochent à mon bras. La gentille créature n’est pas plus grande que ma main. Je continue d’avancer dans le tunnel humide et sombre et arrive enfin au bout. Il donne sur une caverne immense en contrebas. Il y a un peu de lumière, qui se fait de plus en plus grande au fur et à mesure que j’y place ma conscience. Il y a une activité en bas. J’y vais et me laisse planer jusqu’à toucher le sol de la grotte. Autour de moi, des êtres sans réelle forme forment une ronde assez large et, le corps recourbé, sont pris de spasmes réguliers. On dirait un rituel mais ce qui attire vraiment mon attention, c’est le bassin au milieu. Un bassin d’environ 5 mètres de diamètre, au niveau du sol et dans lequel je vois une étendue sombre, mi liquide, mi éthérée et dont s’échappent quelques volutes ténébreuses. Je suis irrésistiblement attiré par ce bassin et une envie forte me pousse à vouloir entrer dedans.
« Ne fais pas ça » m’invective Arthur sur un ton inhabituel, mêlé d’une certaine crainte à l’idée que je me baigne dans l’étrange bain obscur. Un mot me vient : Oracle. Comme ce que m’avait dit un ami à moi lorsque je lui avais raconté une canalisation un peu particulière où je me trouvais en haut d’un pilier de pierre étroit, entouré d’un océan de la même matière sombre à perte de vue et d’où me venaient des informations.
La terre tremble légèrement quand un phénomène se produit. 2 gigantesques mains , similaires à celle qui m’avait arraché la chandelle, mais monstrueusement plus grandes sortent de la matière sombre et s’agrippent aux rebords, de part et d’autres du bassin. Dans un élan de poussée, une créature immense et ténébreuse en sort et se déploie face à moi. Une forme démoniaque, à l’aura puissante envahit tout l’espace. J’ai un mouvement de recul mais ne ressens aucune peur. Je veux juste partir et lui tourner le dos.
« Ne lui tourne pas le dos, fais lui face. Ne fuis pas », j’entends la voix chaleureuse et dénuée de peur d’Arthur.
Je me retourne donc. La créature n’a pas d’intentions hostiles à mon égard. Il semble d’ailleurs qu’elle n’ait aucune intention. Elle est faite d’énergies sombres et négatives mais non malveillantes, en tout cas pas vis-à-vis de moi. Elle se contente d’être devant moi et, de toute son immense hauteur, attend quelque chose. J’hasarde donc une prise de contact :
« Qui êtes vous ? »
« Je suis celui que tu nommes le Monstre, la Bête » me réponds l’entité avec un timbre loin d’être celui que j’aurais pu imaginer pour une créature de cette envergure. « Je vis au fond de toi. C’est toi qui m’a créé ».
Je comprends alors. J’ai effectivement créé cette entité et je l’ai nommée ainsi. Toutes les fois où la colère, la rage m’a envahi dans ma vie, je l’ai sentie se débattre pour sortir de moi, prendre possession de mon corps, de mes pensées, de ma voix même et de mes mots. Je l’ai nommée « La Bête au fond de moi » parce que je ne voulais plus en avoir peur. Je l’ai combattue, je l’ai refoulée et la voilà devant moi. Bon sang qu’elle est grande et puissante. Je réalise qu’elle a cette forme parce que je lui ai donnée. Qu’aurais-je eu face à moi aujourd’hui si j’avais appelé cette force  « le petit canard au fond de moi » ? A ces mots, la créature se métamorphose en un être humain, de ma taille, vêtu d’une cape bleu nuit, une longue barbe noire. Le visage magnifique mais profondément ténébreux. La puissance et l’aura de l’immense Bête contenues dans un corps aux proportions humaines. Calme et serein, il est à présent face à moi et me regarde. La sensation est étrange. Il n’y a pas vraiment d’émotion mais un sentiment de lien profond avec lui. Comme si c’était une autre version de moi. Mais moi quand même.

« Je suis le Mage Noir. L’ombre en Toi. Je vis dans tes entrailles, confiné là où tu m’as fait prisonnier, nourri de tes émotions rejetées, tes peurs, tes rages, tes hontes, tes pulsions, tes vices, tes culpabilités, tes jugements, tes frustrations. Je suis toi, dans ce que tu as de plus enfoui. Je suis toi que tu ne veux pas voir parce que tu ne regardes pas. Je suis l’amour que tu as perdu comme un enfant avorté que tu as abandonné dans les zones d’ombre de ton âme. Qui se sustente des restes que ton égo délaisse, qui te suis, qui suis Toi. Tu ne peux dire Je Suis sans que je sois aussi. Tantôt ton ennemi, tantôt dans l’oubli, aujourd’hui je suis là parce que tu es la aussi. Tu sais ma force, elle dépasse ton entendement, elle fait voler en éclat l’illusion dans laquelle tu as pu vivre quand je décide de la faire entendre. Il n’est de barrière que tu puisse dresser entre nous qui ne résistera . Il n’est de barrière que tu puisses dresser entre Toi et Toi. Épouse ce que je suis, accepte moi, laisse-moi la place qui me revient et fais de-moi ton allié. De l’harmonie naîtra la puissance et l’équilibre. Plus de chacun chez soi, de chacun sa place. L’Union de l’Ombre et de la Lumière. Tu la sens naître en toi, elle t’appelle. Ne me jette pas au visage tes émotions que tu juges délétères comme on jette avec mépris un os à un chien ou bien ne prétends pas être. Laisse-moi transmuter cette ombre en lumière pour toi, laisse toi en faire une force spirituelle que tu n’as pu connaitre. Transforme le boulet à ton pied en boulet de canon. Il n’y a qu’ainsi que tu t’accompliras. Je ne suis pas l’ennemi, je ne suis pas la bête. Je suis le Mage Noir, l’alchimiste de l’Ombre, la Volonté, l’autre partie de l’Harmonie, Celui qui créé le pont au-dessus du Vide. Je suis l’humilité sincère que tu cherches ailleurs. Je suis l’Ordre dans le Chaos. Je suis l’Amour Inconditionnel de Toi. »

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